Ronaldo le diabolique
Une sentence qui en dit long sur l'ambition du garçon. Mais également sur son caractère, inévitablement soumis à la controverse - comme tant d'autres légendes avant lui. Car Cristiano Ronaldo est un battant, un formidable compétiteur qui ne peut s'exprimer que par la victoire. Pris en flagrant délit de délation, en plein quart de finale du Mondial 2006 face à l'Angleterre, ou de tricherie, au cours d'un match de championnat contre Middlesbrough, le feu-follet de Manchester paraît prêt à tout pour arriver à ses fins. Un petit jeu fatalement à double tranchant dont il déjà reçu la douloureuse.
Un vilain petit canard
En pleurant ouvertement dans les jupes d'un homme en noir pour réclamer l'expulsion de son propre coéquipier mancunien, Wayne Rooney, alors que les deux hommes livraient bataille pour une place dans le dernier carré de la Coupe du monde allemande, l'ancien attaquant du Sporting s'est mis à dos toute une île cet été en l'espace d'une poignée de secondes. Malmené dès lors par les redoutables médias britanniques et menacé de mort par les Ultras de la sélection aux trois lions, Cristiano Ronaldo semblait promis à l'exil à l'orée de la saison 2006-2007. De son propre aveu, son coeur vogue alors en Espagne, la love-story avec MU est d'ores et déjà condamnée. "Je rêve de jouer au Real. J'ai dit à mon agent qu'il était temps pour mois de partir", souffle-t-il à la presse ibérique.
Six mois plus tard, la donne a considérablement changé. Certes, l'international lusitanien n'est pas beaucoup plus populaire de l'autre côté de la Manche. Mais sa cote sur le marché n'a cessé de grimper en flèche pour le plus grand bonheur des inconditionnels qui garnissent les travées d'Old Trafford. A tel point que les rôles ont été redistribués dans le scénario mettant en scène la Maison blanche et le jeune loup. Les appels du pied existent toujours entre les deux parties mais ce sont aujourd'hui les Merengue qui lorgnent sur le prodige. En alignant 40 millions d'euros sur la table il y a peu, le Real Madrid a clairement dévoilé ses sentiments. Le sens des affaires chevillé au corps, Alex Ferguson et le président Edwards exigent 30 millions de plus pour envisager des négociations.
Plus fort que Drogba ?
Il faut dire qu'un joyau, ça ne se brade pas ! Surtout lorsqu'il se révèle aussi adroit devant les buts adverses. Apparu plutôt à son avantage dans les phases offensives au cours de ses trois premières années dans le Nord de l'Angleterre (18 réalisations), Cristiano Ronaldo a pris une toute autre dimension cette saison sur le front mancunien. Déjà douze buts à son actif en championnat, en seulement vingt apparitions sous le maillot rouge, le protégé de Luis Felipe Scolari en sélection manie le cuir avec maestria sur les pelouses du royaume. Seul le Londonien Didier Drogba lui conteste pour l'heure le statut de meilleur buteur de Premiership, à une unité près. Une rivalité au sommet qui devrait également défrayer la chronique lors de l'attribution du titre de joueur de l'année "outre-Channel".
Mais qu'importe les distinctions honorifiques quand on bénéficie de l'estime du vénérable Sir Alex Ferguson. Comptant parmi les sept joueurs d'exception qu'avoue avoir managé le technicien écossais au cours de son illustre carrière - aux côtés des Cantona, Giggs, Schmeichel, Roy Keane, Rooney ou Scholes et devant un Beckham renié - l'enfant de Madère peut se féliciter d'être entré au panthéon de Manchester United après avoir simplement connu 21 printemps. Une tête à claques ce Cristiano Ronaldo ? Certainement... Mais quel talent !
source: www.sport.fr